29 mars 2006

Corne de brume

HODIE

Quand s'éteindra le souffle de musique trois.

La brûlante matinée de février au cours de laquelle mourut Beatriz Viterbo, après une impérieuse agonie qui pas un seul instant ne se rabaissa au sentimentalisme ni à la peur, je remarquai que sur les porte-affiches en fer de la place de la Constitution on avait renouvelé je ne sais quelle annonce de cigarettes de tabac blond ; le fait me peina, car je compris que l'incessant et vaste univers s'éloignait d'elle désormais et que ce changement était le premier d'une série indéfinie. L'univers changera mais pas moi, pensai-je avec une mélancolique vanité ; en de certaines occasions, je le sais, ma vaine passion l'avait exaspérée ; morte, je pouvais me consacrer à sa mémoire, sans espoir mais aussi sans humiliation.

(Jorge Luis Borges, L'Aleph)

25 mars 2006

Échec mystique

HODIE


Il n'y a que le chemin.

  • Mon fils, je sors d'un songe absurde et terrifiant.
  • Je me donnais la chasse à moi-même et ne parvenais pas à me saisir.
  • Les deux états que j'étais, mon sommeil et ma veille, ma vie et ma mort se poursuivaient et n'arrivaient pas à se joindre, parce qu'il n'y avait pas de lieu.
  • Quand tout à coup, au paroxysme de l'universelle terreur, je sentis que je gagnais de vitesse mon souvenir. Au même instant, j'abjurai à jamais, devant le rien primordial, tout souci de réalité.

(O. V. de L. Milosz, Les Arcanes)

24 mars 2006

Fascination

HODIE

À ceux qui sont sur un grand pendule.


je lui ai dit que je laissais l'écriture à ceux qui chantent la joie de vivre, à ceux qui luttent, rêvent sans cesse à l'extension du domaine de la lutte, à ceux qui fabriquent des cérémonies pour danser la polka, à ceux qui peuvent étonner les dieux, à ceux qui pataugent dans la disgrâce, à ceux qui vont avec assurance vers l'âge d'homme, à ceux qui inventent un rêve utile, à ceux qui chantent le pays sans ombre, à ceux qui vivent en transit dans un coin de la terre, à ceux qui regardent le monde à travers une lucarne, à ceux qui, comme mon défunt père, écoutent du jazz en buvant du vin de palme, à ceux qui savent décrire un été africain, à ceux qui relatent des noces barbares, à ceux qui méditent loin là-bas, au sommet du magique rocher de Tanios, je lui ai dit que je laissais l'écriture à ceux qui rappellent que trop de soleil tue l'amour, à ceux qui prophétisent le sanglot de l'homme blanc, l'Afrique fantôme, l'innocence de l'enfant noir, je lui dit que je laissais l'écriture à ceux qui peuvent bâtir une ville avec des chiens, à ceux qui édifient une maison verte comme celle de l'Imprimeur ou une maison au bord des larmes pour y héberger des personnages humbles, sans domicile fixe, des personnages qui ressentent la compassion des pierres, et donc je lui ai dit que je leur laissais l'écriture, tant pis pour les agités du bocal, les poètes du dimanche après-midi avec leurs vers à deux sous le quatrain, tant pis pour les nostalgiques tirailleurs sénégalais qui tirent à hue et à dia la fibre du militantisme, et ces gars ne veulent pas qu'un Nègre parle des bouleaux, de la pierre, de la poussière, de l'hiver, de la neige, de la rose ou simplement de la beauté pour la beauté, tant pis pour ces épigones intégristes qui poussent comme des champignons, et ils sont nombreux, ceux-là qui embouteillent les autoroutes des lettres, ceux-là qui profanent la pureté des univers, et ce sont ceux-là qui polluent la vraie littérature de nos jours

(Alain Mabanckou, Verre cassé)

23 mars 2006

Mue

HODIE

Entre le tonneau et les fraisiers.


J'ai oublié la mécanique des thèmes,
Les catéchismes récités durant quinze ans.
J'ai oublié l'huile rance d'hier.

La mer des prés m'attend,
La mer verte et son odeur de rosée,
La mer fleurant des baisers d'enfant.
Et m'appelle
Le plongeon dans l'herbe
Rejaillissant en rires sonores.

Mon corps où s'ouvrent des bouches neuves
Filtre les courants des fraîcheurs,
Des sons, des couleurs, des senteurs,
Toutes les voluptés païennes
Loin de la rancoeur des livres d'hier.

(Léopold Sédar Senghor, Poèmes perdus)

22 mars 2006

Un dais d'or rose

HODIE


Rien d'autre aujourd'hui
que d'aller dans le printemps
rien de plus

(Buson)

21 mars 2006

Débâcle

HODIE

Quel bonheur d'avoir pu acquiescer !


Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n'avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie,
Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s'immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.

(Stéphane Mallarmé)

20 mars 2006

Sans gomme

HODIE

Pentalustre en liberté.


reprenons
l'utile chemin patient
plus bas que les racines le chemin de la graine
le miracle sommaire bat des cartes
mais il n'y a pas de miracle
seule la force des graines
selon leur entêtement à mûrir

parler c'est accompagner la graine
jusqu'au noir secret des nombres

(Aimé Césaire, Moi, laminaire)

19 mars 2006

Faire

HODIE

Grenouilles migratrices.


Ils ont vu les Pays-Bas, ils rentrent à Terre Haute ;
Mais une nuit d'été, les voici à Ravenne,
À l'aise entre deux draps, chez deux centaines de punaises,
La sueur estivale et une forte odeur de chienne.
Ils restent sur le dos, écartant les genoux
De quatre jambes molles toutes gonflées de morsures.
On relève le drap pour mieux égratigner.
Moins d'une lieue d'ici est Saint Apollinaire
En Classe, basilique connue des amateurs
De chapiteaux d'acanthe que tournoie le vent.

Ils vont prendre le train à huit heures
Prolonger leurs misères de Padoue à Milan
Où se trouve la Cène, et un restaurant pas cher.
Lui pense aux pourboires, et rédige son bilan.
Ils auront vu la Suisse et traversé la France.
Et Saint Apollinaire, raide et ascétique,
Vieille usine désaffectée de Dieu, tient encore
Dans ses pierres écroulantes la forme précise de Byzance.

(T.S. Eliot, Lune de miel)

18 mars 2006

Récalcitration

HODIE

À gravir : les pentes raides du vagabondage.


la langue est en principe prête à penser
tout ce que tu cherches à penser avec elle
mais quelque chose en elle te fait penser
au gré de sillons insensibles et tracés
on dirait des élans propices et ce sont
de vieux commandements la langue paraît
pareille à l'amante en train de découvrir
avec toi l'amour alors qu'elle est percluse
de savoir et de vérités toutes faites

(Bernard Noël, Le Reste du voyage)

17 mars 2006

Brevet sans bonnet

HODIE

Prends ta pelle et creuse !


je jure aussi que j'aimais leur apprendre les participes passés conjugués avec l'auxiliaire avoir et qui s'accordent ou ne s'accordent pas selon qu'il fait jour ou nuit, selon qu'il pleut ou ne pleut pas, et les pauvres petits, hébétés, désemparés, parfois révoltés, me demandaient pourquoi ce participe passé s'accorde aujourd'hui à 16 heures alors qu'il ne s'accordait pas hier à midi avant la pause déjeuner, et moi je leur disais que ce qui était important dans la langue française, c'était pas les règles mais les exceptions, je leur disais que lorsqu'ils auraient compris et retenu toutes les exceptions de cette langue aux humeurs météorologiques les règles viendraient d'elles-mêmes, les règles couleraient de source et qu'ils pourraient même se moquer de ces règles, de la structure de la phrase une fois qu'ils auraient grandi et saisi que la langue française n'est pas un long fleuve tranquille, que c'est plutôt un fleuve à détourner

(Alain Mabanckou, Verre cassé)

16 mars 2006

Aaaaah

HODIE

Plumier, acier nickelé et cataracte.


Les amygdales (on emploie, sans explication, le pluriel) n'ont pas eu à subir l'amputation, absentes d'elles-mêmes, pur jeu de mot, pure esbroufe de médecin de famille, une coquecigrue située d'après les rumeurs un peu au-dessus des cordes vocales, dont le nom même est une preuve d'imposture à cause d'un g qui ne se prononce pas et qui pourtant, prononcé à la dure, ferait entendre cette amygdale hypothétique contre le gosier ou contre n'importe lequel de ces organes à gonds et à glottes se trouvant tout autour de cette supercherie. Ignorant volontaire, comme on se fait aussi insoumis ou objecteur, je tiens les amygdales comme les Hespérides ou les Thébaïdes ou les Dioscures, une mythologie d'hospice réservée à des patients profanes qu'un seul mot grec suffit pour rendre malades. Ignorant volontaire, je ne suis pas davantage renseigné par l'étymologie des dictionnaires, qui se réfère à l'amande (elle m'évoque des fruits de mer), ou me plonge définitivement dans une utopie de caravansérails, de palais moghols ou mudéjars, d'Alcazar ou de Nuits Arabes, à force d'évoquer les amygdales palatines situées entre les piliers du voile du palais, les follicules clos, les voûtes du pahrynx ─ le pharynx étant, à ce moment de notre lecture en amateur, une chimère composée pour moitié de pharaon et pour moitié de sphinx.

(Pierre Senges, Veuves au maquillage)

15 mars 2006

Z

OLIM

Dames vertes, nues et gelées.


Donne-moi le ziuthre, dit Pierre. Ève se leva et prit le ziuthre : c'était un assemblage de morceaux de cartons que Pierre avait collé lui-même : il s'en servait pour conjurer les statues.

(Jean-Paul Sartre, Le Mur)

14 mars 2006

Envie de printemps

HODIE

Envie de désordre


L'alouette en chantant
façonne
les nuages.

(Seien)

13 mars 2006

V

Existence ?


Comme un mot qui n'entre au Dictionnaire de l'Académie française qu'une fois usagé, dépouillé de la fraîcheur de son origine populaire ou de la venustrerie de sa valeur poétique souvent plus de cinquante ans après sa création (la dernière édition du docte dictionnaire est de 1878) et la définition qu'on en donne le conserve, l'embaume, quoique décrépit, dans une pose noble, fausse, arbitraire, qu'il ne s'était jamais connue au moment de sa vogue, alors qu'il était actuel, vivant, immédiat, la santé, reconnue bien public, n'est que le triste simulacre d'une maladie démodée, ridicule, immobile, quelque chose de solennellement vieillot qui se tient vaguement debout entre les bras de ses adulateurs et qui leur sourit de ses fausses dents.

(Blaise Cendrars, Moravagine)

12 mars 2006

Souris

HODIE

L'art par décret.


Rauschenberg : Tiens, Willem, prends ce morceau de papier, et fais-moi un dessin. De n'importe quoi, beau ou pas, ça n'a pas d'importance.
De Kooning : Mais pourquoi ?
Rauschenberg : J'ai l'intention de l'effacer.
De Kooning : Mais pourquoi ?
Rauschenberg : T'occupe pas de ça. Je réparerai ton toit en échange du tableau.
De Kooning : O.K. Je pense le faire au crayon, à l'encre et à la craie grasse.
Rauschenberg : Tout ce que tu voudras.

(Quatre semaines plus tard)

Rauschenberg : Eh bien, ça m'a pris quarante gommes, mais ça y est.
De Kooning : Quoi donc ?
Rauschenberg : Je l'ai effacé.
De Kooning : Tu as effacé mon tableau ?
Rauschenberg : Oui.
De Kooning : Où est-il ?
Rauschenberg : Disparu. Ce qui reste, c'est mon acte d'effacement, et le papier, qui était à moi dès le départ.

(Il montre le tableau à De Kooning)

De Kooning : Tu y a mis ton nom.
Rauschenberg : Et alors ? C'est mon oeuvre.
De Kooning : Ton oeuvre ? T'as vu ce que tu as fait de mon tableau ?
Rauschenberg : Beau boulot, hein ? Ça a été dur de tout effacer. J'en ai encore mal au poignet. Je l'ai intitulé Dessin effacé.
De Kooning : Très fin.
Rauschenberg : Je l'ai déjà vendu. Dix mille.
De Kooning : Tu as vendu mon tableau ?
Rauschenberg : Non, j'ai effacé ton tableau. J'ai vendu mon effacement.

(Percival Everett, L'Effacement)

11 mars 2006

U

OLIM

Avec des "si"...

10 mars 2006

Sourire

HODIE

Fier-à-sens, tranche-signe, pourfendeur de connotation...


Gimbel se remit sur ses jambes et, debout, bomba le torse. « J'ai perturbé les lecteurs. Je les ai dérangés. J'ai ébranlé leurs préjugés historiques, culturels et psychologiques par la mise en question de la relation confortable établie entre les mots et les choses. J'ai porté à son sommet la bataille entre le langage et le réel. Mais au moment même où mon art se meurt, je continue à créer sans le vouloir. »

(Percival Everett, L'Effacement)

09 mars 2006

T

HODIE

Mais que diable aime-t-il dans cette galère ?


Mes chers enfants, je voudrais qu'a-
près ma mort on me disséquât
soigneusement puis que, sans perdre un os,
on reconstituât mon squelette homogène
(si j'ose emprunter cette expression d'Eugène
Mouton plus connu sous le nom de Mérinos)
et qu'alors vous m'accrochassiez dans l'atelier
où s'entasse un hétéroclite mobilier :
tenez, entre la bassinoire
de cuivre jaune et le tamanoir
empaillé suspendez mon ostéologie.
Oh ! quel bonheur de rester au logis
au bon air, à la chaleur, à la lumière,
en famille au lieu de passer ma mort tout entière
au cimetière
dans une bière
sous une pierre
ou bien étendu dans un caveau
propice aux rhumes de cerveau !
Quant à moisir sous le Grand-Bé
tel Chateaubriand, macchabé
prétentieux ou bien comme Alfred de Musset
engraisser on ne sait
quel pleurnicheur de saule,
ah ! ça fait lever les épaules
jusqu'au firmament
véritablement !
Entre vous quelquefois
vous direz à mi-voix :
─ « Pauvre papa ! tout de même, ce qu'il maigrit
« depuis son décès !
« Mais c'est
« curieux, regardez : il rit, il rit
« toujours
« nuit et jour !
« Nous sommes joliment contents
« de le voir comme ça rigoler tout le temps !
« car ça prouve bien pardi !
« que son âme est en Paradis :
« sans blague, pensez-vous que les damnés
« ça se gondole toute la journée ? »
En vous voyant, j'aurai souvent
l'illusion d'être encore vivant.
Sans être empêtré d'un linceul
pour me dégourdir je danserai tout seul
tandis que
sur le phono tournera le disque
de ta Danse Macabre, ô Saint-Saëns,
je me trémousserai dans tous les sens,
je danserai, trépudierai,
gambaderai, gambillerai !
Au moins vous n'aurez pas peur, j'espère,
en voyant frétiller feu monsieur votre père ?
Un dernier mot, mes chers enfants :
dites, vous m'époussèterez bien de temps en temps ?
Quand ce ne serait que le jour des Morts :
ce ne sera pas un grand effort !

─ « Mais, papa », direz-vous, « ça va coûter fort cher
de nettoyer ainsi vos os de votre chair ! »
Oui mais vous épargnerez les frais d'enterrement,
c'est une économie incontestablement !

(Georges Fourest, Le Géranium ovipare)

08 mars 2006

Don

HODIE

Trois mois avant le zen.


Le voleur
M'a tout emporté, sauf
la lune qui était à ma fenêtre.

(Ryokan)

07 mars 2006

S

HODIE

Demain, la journée de la femme...


Bestiole à chignon, Nécessaire divin
Os de chatte, corps de lierre, chef-d'œuvre vain !

Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche,
On t'absout; c'est un Dieu qui par tes yeux nous triche.

Beau commis voyageur, d'une Maison là-haut,
Tes yeux mentent ! ils ne nous diront pas le Mot !

Et tes pudeurs ne sont que des passes réflexes
Dont joue un Dieu très fort (Ministère des sexes).

Tu peux donc nous mener au Mirage béant,
Feu follet connu, vertugadin du Néant ;

Mais, fausse sœur, fausse humaine, fausse mortelle,
Nous t'écartèlerons de hontes sangsuelles

Et si ta dignité se cabre ? à deux genoux,
Nous te fermerons la bouche avec des bijoux.

– Vie ou Néant ! choisir. Ah quelle discipline !
Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ?

Bon ; que tes doigts sentimentals
Aient pour nos fronts au teint d'épave
Des condoléances qui lavent
Et des trouvailles d'animal.

Et qu'à jamais ainsi tu ailles,
Le long des étouffants dortoirs,
Égrenant les bonnes semailles,
En inclinant ta chaste taille
Sur les sujets de tes devoirs.

Ah ! pour une âme trop tanguée,
Tes baisers sont des potions
Qui la laissent là, bien droguée,
Et s'oubliant à te voir gaie,
Accomplissant tes fonctions
En point narquoise Déléguée.

(Jules laforgue, Complainte des voix sous le figuier boudhique)

06 mars 2006

Eucalyptâme

HODIE

À côté, dedans, et un zeste de décohérence.


On me parle de mots, mais il ne s'agit pas de mots, il s'agit de la durée de l'esprit.
Cette écorce de mots qui tombe, il ne faut pas s'imaginer que l'âme n'y soit pas impliquée. À côté de l'esprit, il y a la vie, il y a l'être humain dans le cercle duquel cet esprit tourne, relié avec lui par une multitude de fils...

(Antonin Artaud, Fragments d'un journal d'enfer)

05 mars 2006

R

HODIE

Pluie et guilée.



Les oiseaux boulus bourrus
Dans les cages de pluie
Le hérisson regoglu
Qui se traîne et qui s'ennuie
L'avers luisant des talus
Les ruisseaux gorgés de nuit

La cheminée s'époumone
Les fées trottent en sabot
Gobelins roulent cerneaux
Dans les ruelles des automnes
Lutins au coeur d'anémones
Fadets secouant leurs grelots

Voici passer sur la route
Corbillard et gris chapeau
Houppelandé, lourd de doute
Monsieur de Serres-Campot
Chef d'orchestre des grenouilles
Monsieur de Serres-Campot
Chef d'orchestre des crapauds.
(Maurice Fombeure, Les étoiles brûlées)

04 mars 2006

Aha...

HODIE

Découvrir, bien tard, d'où vient ce flamenco dansé sur les routes.

Un des objets de ce livre est de considérer comment les êtres humains vivent dans un seul monde de communication et le divisent en deux parties : les mots et le comportement, le verbal et le non-verbal. Les mots représentent une petite partie de ce monde et soulignent les aspects unidirectionnels de la communication tels qu'ils s'expriment, par exemple, dans les procès, les relations antagonistes ou les discours par lesquels chacun se justifie, alors que le comportement en représente la plus grande partie : il souligne la manière dont les individus se perçoivent, eux-mêmes et mutuellement, les moyens d'éviter la confrontation et la logique inhérente et propre à chaque individu. Les mots sont le moyen de communication des hommes d'affaires, des hommes politiques et des dirigeants qui gouvernent notre monde, et tous exercent en fait un pouvoir. Les mots deviennent ainsi l'instrument du pouvoir. La part non verbale du système de communication, celle du comportement, est le patrimoine de tout individu, et constitue un fond culturel qui le guide dans toutes les situations de la vie.

(Edward T. Hall, La Danse de la vie)

03 mars 2006

P

OLIM

Une de tes rares réussites.


Les polycandres brillaient dans les bois
Une pierre prit feu
Le château prit feu
La forêt prit feu
Les hommes prirent feu
Les femmes prirent feu
Les oiseaux prirent feu
Les poissons prirent feu
L'eau prit feu
Le ciel prit feu
La cendre prit feu
La fumée prit feu
Le feu prit feu
Tout prit feu
Prit feu, prit feu.

(Eugène Ionesco, La Cantatrice chauve)

02 mars 2006

Un mur peint

HODIE

Passage obscur vers une cité.


L’âme semble un couloir où des pas hésitants résonnent,
Mais personne jamais ne vient. Dehors, l’ombre qui tremble
Dans les encoignures de porte et sous les escaliers,
C’est l’âme encore, quand la nuit fige le long des murs
Les flots d’eau pâle et froide où l’on est heureux de descendre.

Et qui donc parlait de salut ou de perte pour l’âme,
Alors qu’elle est blottie en son frisson et cependant
Toujours plus dénudée au vent qui souffle en ce couloir ?
Qu’elle se cache ou rôde, écoute : elle s’égare, étant
L’habitante et le lieu d’une solitude sans nom.

(Jacques Réda, Amen)

01 mars 2006

O

HODIE

Presque un spam.


Si je ne t’écris pas, mon bon, c’est que je n’ai absolument rien à te dire. Je m’oursifie et m’assombris de plus en plus.

(Flaubert, Correspondance)