16 mars 2006

Aaaaah

HODIE

Plumier, acier nickelé et cataracte.


Les amygdales (on emploie, sans explication, le pluriel) n'ont pas eu à subir l'amputation, absentes d'elles-mêmes, pur jeu de mot, pure esbroufe de médecin de famille, une coquecigrue située d'après les rumeurs un peu au-dessus des cordes vocales, dont le nom même est une preuve d'imposture à cause d'un g qui ne se prononce pas et qui pourtant, prononcé à la dure, ferait entendre cette amygdale hypothétique contre le gosier ou contre n'importe lequel de ces organes à gonds et à glottes se trouvant tout autour de cette supercherie. Ignorant volontaire, comme on se fait aussi insoumis ou objecteur, je tiens les amygdales comme les Hespérides ou les Thébaïdes ou les Dioscures, une mythologie d'hospice réservée à des patients profanes qu'un seul mot grec suffit pour rendre malades. Ignorant volontaire, je ne suis pas davantage renseigné par l'étymologie des dictionnaires, qui se réfère à l'amande (elle m'évoque des fruits de mer), ou me plonge définitivement dans une utopie de caravansérails, de palais moghols ou mudéjars, d'Alcazar ou de Nuits Arabes, à force d'évoquer les amygdales palatines situées entre les piliers du voile du palais, les follicules clos, les voûtes du pahrynx ─ le pharynx étant, à ce moment de notre lecture en amateur, une chimère composée pour moitié de pharaon et pour moitié de sphinx.

(Pierre Senges, Veuves au maquillage)

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