07 mars 2006

S

HODIE

Demain, la journée de la femme...


Bestiole à chignon, Nécessaire divin
Os de chatte, corps de lierre, chef-d'œuvre vain !

Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche,
On t'absout; c'est un Dieu qui par tes yeux nous triche.

Beau commis voyageur, d'une Maison là-haut,
Tes yeux mentent ! ils ne nous diront pas le Mot !

Et tes pudeurs ne sont que des passes réflexes
Dont joue un Dieu très fort (Ministère des sexes).

Tu peux donc nous mener au Mirage béant,
Feu follet connu, vertugadin du Néant ;

Mais, fausse sœur, fausse humaine, fausse mortelle,
Nous t'écartèlerons de hontes sangsuelles

Et si ta dignité se cabre ? à deux genoux,
Nous te fermerons la bouche avec des bijoux.

– Vie ou Néant ! choisir. Ah quelle discipline !
Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ?

Bon ; que tes doigts sentimentals
Aient pour nos fronts au teint d'épave
Des condoléances qui lavent
Et des trouvailles d'animal.

Et qu'à jamais ainsi tu ailles,
Le long des étouffants dortoirs,
Égrenant les bonnes semailles,
En inclinant ta chaste taille
Sur les sujets de tes devoirs.

Ah ! pour une âme trop tanguée,
Tes baisers sont des potions
Qui la laissent là, bien droguée,
Et s'oubliant à te voir gaie,
Accomplissant tes fonctions
En point narquoise Déléguée.

(Jules laforgue, Complainte des voix sous le figuier boudhique)

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