07 juillet 2005

Va co ploûre !

HODIE

Quelques lustres et un projet.


Je n'ai plus de terre sous mes pieds. L'un après l'autre, ceux qui disaient mon nom sous les lampes, ceux qui m'ouvraient des portes, ceux qui me souriaient aux terrasses, ont plongé. Je n'ai plus de place nulle part. Et la vie me pousse, me donne de l'épaule, comme si j'avais quelque chance encore de voir une longue poignée de main se dresser comme un barrage...
La vie ne me laisse pas m'arrêter. Elle ne me permet pas de construire des paliers dans ma solitude. Il faut que je descende. Mon destin m'encercle, me cerne déjà, me jette dans la direction qu'il veut, et que j'essaierai de comprendre jusqu'à la fin. Toutes ces fenêtres, et tous les jours l'approche de la nuit... Tous les jours... Chaque jour bat les mêmes cartes, finit par en perdre, en ajoute de nouvelles, qui ressemblent aux autres. Ces descentes et ces remontées, du jour à la nuit, comme des wagonnets dans une carrière, me vident d'un sable nécessaire...

(Léon-Paul Fargue, Haute solitude)

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