07 janvier 2008

Pas de double

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Vérification nocturne et sanitaire


(... cette palpitation qui, à grands coups de coude, m'écartèle ; ce ventre qui bouillonne, mon coeur qui s'arrête, en haut, me transperçant d'une aiguille froide ; des coups sourds qui montent du milieu et se déchargent sur mes tempes, mes bras, mes cuisses ; j'aspire l'air, haletant ; le bouche ne suffit pas, le nez ne suffit pas ; l'air m'arrive par petites gorgées, m'emplit, s'arrête, m'étouffe, pour repartir ensuite en bouffée sèches, me laissant oppressé, brisé, vide ; puis c'est l'effort suprême pour gonfler le thorax, douloureusement, rester au-dessus de moi-même, comme suspendu à moi-même, jusqu'à ce que le coeur, d'un tour glacé, lâche mes côtes pour me frapper de face, sous la poitrine ; maîtriser ce sanglot qui n'éclate pas ; respirer ensuite, en y pensant ; appuyer sur l'air accumulé ; ouvrir vers le haut ; appuyer maintenant ; plus lentement : un, deux, un, deux...

(Alejo Carpentier, Chasse à l'homme)
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