05 janvier 2008

La vie est amère

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Maudite analogie !



Soudain Lucia se dresse sur sa couche et pousse un cri. Des silhouettes de brume, voiles, lambeaux gris et blancs agitant leurs visages et leurs mains, rampent, glissent, frôlent la vitre de la voiture. Elle sent la main de la femme caresser la sienne et découvre un visage qui voit les mêmes choses qu'elle mais sourit.

« Qu'est-ce que c'est ?

— Ce sont les rêves d'autres gens. » Elle rit.

« Tiens, dit-elle, voilà ce que c'est », et avec une agilité surprenante elle se lève , sort, frotte ses mains sur les feuilles pour les humecter et se les passe sur le visage. Lucia suit des yeux les guirlandes qui s'enroulent autour des arbres et, à son tour, promène ses mains dans l'herbe.

« Ils regagnent leur maison et nous abandonnent leur eau », dit la femme clown en riant.


(Cees Nooteboom, Les Montagnes des Pays-Bas)

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