15 octobre 2007

Roses Vosges

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Trois petits tours dans un carré.


Tout nu, Agostino se mit à se promener sur ce sable moelleux et miroitant, s'amusant à y enfoncer les pieds avec force et à voir l'eau venir tout de suite noyer ses empreintes. Il éprouvait maintenant un désir vague et désespéré de s'éloigner de la rivière, de suivre la côte en laissant derrière lui les gamins, Saro, sa mère, toute son ancienne vie. À force de marcher droit devant lui sur le sable blanc et doux, peut-être arriverait-il dans un pays où toutes ces vilaines choses n'existaient pas ? Dans un pays où il serait accueilli comme le souhaitait son coeur, où il lui serait possible d'oublier tout ce qu'il venait d'apprendre et de le réapprendre après, sans en être blessé ni honteux, d'une façon douce et naturelle qui devait exister, qui était celle qu'obscurément il avait désirée. Il regardait la brume qui, à l'horizon, enveloppait les confins de la mer, de la plage, de la terre sauvage et il se sentait attiré par cette immensité comme par la seule chose qui aurait pu le libérer de sa servitude présente.

(Alberto Moravia, Agostino)
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