23 juillet 2007

Coeur fichu

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Des soupes au soleil.


Hippolyte ! Hippolyte ! J'ai mal !
Je me consume... Dans la brûlure des joues...
Quel effroi cruel contient
ce nom : Hippolyte !

Telle une longue vague
contre la berge de granit.
Enflammée par Hippolyte !
Délirante au nom d'Hippolyte !

Des épaules, les bras vont jusqu'à terre !
dans la sciure, brisure de dents !...
Pleurer ensemble, se coucher ensemble !
Mon esprit ardent s'embrase...

Comme dans les narines et sur les lèvres, la poussière
d'Herculanum... Je me fane... Je m'aveugle...
Hippolyte : pire que la scie !
Plus sec que sable et cendres !

Un taon dans les pleurs ouverts
d'une plaie frémissante... Un taon furieux...
Une plaie rouge qui enflamme
une jument au galop !

Hippolyte ! Hippolyte ! Cache-moi !
Sous cette chlamyde, comme dans une crypte,
il est un paradis pour les rosses :
l'abattoir ! Le taon me brûle !

Hippolyte ! Hippolyte ! Enchaîne-moi !
Dans la poitrine, le bec des Harpies
est la source de ma chaleur,
et non les pétales d'Hippolyte !

Hippolyte ! Hippolyte ! À boire !
Fils et beau-fils ? Complice !
Lave, au lieu d'une dalle
sous le pied ! L'Olympe murmure ?

Ceux de l'Olympe ?! Leur regard somnole !
C'est nous qui sculptons les dieux !
Hippolyte ! Hippolyte ! Dans un manteau,
sous cette chlamyde, comme dans une crypte !

Hippolyte, étanche...

(Marina Tsvétaïéva, Après la Russie)
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