21 décembre 2006

Ce n'est pas l'envie qui manque

.

Le Bonheur ne comprend-il plus le français ? Pauvre de moi qui craque en poésie comme la poutre maîtresse d'un château en Espagne. — Non pas ! je suis caryatide. Le poète doit porter la parole, et non être supporté par elle. Ce siècle doit voir les mots en bloc, les mots taillés dans le roc. Un athlétisme sain ! la pensée architectonique ! Nos lèvres feront un aveu immense et complet au Soleil. — Je ne suis pas à jeter aux ombres. Les poètes sont les enfants de leurs enfants. Ma fenêtre appelle à rire dans la rue. — Je propulse la parole, je bats le silex des mots. Je serai verbe être, ou j'aurai ma peau. — Il se trouvera toujours quelqu'un pour, m'écoutant, croire à des délires de lyrique. Eh bien, je ne suis pas de la confrérie, qu'on se le dise ! Ma passion : la prise du sujet par les épaules, et hardi ! l'ardeur à le faire tourner. Cela me rappelle la Terre, le cyclone, la valseuse, la toupie. — (Mais j'ai assez le souci de la vérité pour vous dispenser de me croire.)

(Henri Pichette, Apoèmes)
.

Aucun commentaire: