22 décembre 2006

Bête à manger du foin ?

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Rien d'autre à ruminer


Nos noms nos mots nos herbes
sèchent en un vocabulaire
que lèche un veau qui a bu la prairie
nos airs nos béhémoths nos monts
épais légers ou lourds mais verts
tandis que grisonne l'affiche à la mairie
que toujours embuent les haines des morts
et que le soleil dans les narines du gnomon
insuffle la nature du haut cresson
à travers quoi courent haletants les zèbres
à la parole ailée à la patte d'oseille
depuis toujours par la rousse baptisés
pour figurer là-bas en bas du dictionnaire

nos noms nos mots nos malherbes

(Raymond Queneau, L'Instant fatal)
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