20 avril 2006

SDF

HODIE

En rêve, une chambre supplémentaire.


[...] c'était le joug de la maison, de la maison elle-même, avec tous ceux qui y avaient vécu auparavant, qui avaient vécu comme on ne le pouvait plus maintenant (du reste avait-on jamais pu ?). C'était le joug de la maison, avec ses murs épais comme ceux d'une forteresse, le joug des niches profondes de ses fenêtres qui semblaient taillées aux mesures de fantômes, des portes ni fermées ni ouvertes, entr'ouvertes, le joug des plafonds au-dessus desquels, à longueur de nuit, quelqu'un marchait de long en large, sans jamais s'arrêter, le joug du jardin accolé à la maison et de sa surveillance sournoise. Oui, du jardin surtout, avec sa liberté fictive, car il n'était en réalité qu'un vigile insomniaque, à cause de l'éternelle humidité de ses arbres, visiblement attaché au passé de tous ses bras, du jardin et de son humidité, du jardin et de sa vieillesse, avec son portillon qui ne menait nulle part.

(Marina Tsvétaeva, La Maison près du vieux Pimène)

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