14 juin 2008

Nuit instable

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Le haut, pour une fois, et par erreur.




Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Tous les fils télégraphiques auxquelles elles pendent
Les poteaux grimaçant qui gesticulent et les étranglent
Le monde s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel les locomotives en folie s'enfuient
Et dans les trous
Les roues vertigineuses les bouches les voies
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd...

(Blaise Cendrars, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France)

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