16 avril 2007

Inventaire

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Deux ou trois peurs à jeter


Avec chacun de nous naît une
petite souffrance tout à fait indéterminée.
Nous lui donnons peu à peu un nom,
nous la nourrissons de sèves attentives
et de plus en plus clair est son contour
et de plus en plus aiguë sa forme.
Devant nous, en nous, l’agitation du monde.
Le cœur a pénétré le secret et s’est tu.
À quelqu’un nous avons mis dans les mains un bâton
et lui avons dit : gouverne !
Et nous avons fermé les fenêtres.
La mer murmurait quelque part au loin
et si mouillées étaient les mains de l’aube
que nous avons désiré briser les rochers,
trouver cette douleur encore tout à fait indéterminée.
Mais un nuage au-dessus de nous était assis
et avec un hameçon noir pêchait notre ombre.

(Vesna Parun, La pluie maudite et autres poèmes)
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