08 septembre 2006

Hoe la la !

HODIE

De fer ou de pierre, je ne sais plus.


Vous savez, une rivière, c'est plein de rumeurs. Tu crois que c'est calme, que c'est une petite chanson qui s'en va entre les coassements des crapauds et le cri d'un oiseau de nuit, mais c'est autre chose, une rivière, lorsqu'on la connaît bien, et la Messancy, c'est un orchestre, avec ses caprices et ses farces, lorsqu'il lui vient de faire tonner des voix, parfois une complainte que tu penserais à un enfant qui pleure et pleure jusqu'à se vider l'âme, mais va donc voir : il n'y a rien que la Messancy qui se fout de toi, à peine tu tournes les talons qu'elle recommence : elle siffle, elle mugit, elle rugit, la mutine, elle fait pire lorsqu'elle se tait que tu te demandes où elle est, qu'elle a disparu, mais non, la vieille rôdeuse, l'amie des quatre vents, elle cabriole, elle sautille, elle s'ennuie, elle s'amuse, elle babille, elle crachote, elle dansote, elle s'encolère, s'irrite, rechigne, elle a l'eau qui bigle, puis elle te fait la nique : coucou me revoilà, que c'est toi qui t'en retournes parce que tu en as assez de cette niquenaude qui s'encanaille, ah ! coquine ! que Dieu te donnera pardon de nous avoir tant joué et rejoué, des tours, quand nous n'étions que des gamins à déchiffrer tes menus trésors, des adolescents à rêver de baisers, [...]

(Hubert Juin, Le Repas chez Marguerite)

Aucun commentaire: