19 août 2006

Virer le reflet

HODIE

Il faut traverser le miroir et derrière est la vraie logique avec toute son absurdité.


Miroirs, jamais encore en connaissance on n'a décrit
ce qu'essentiellement vous êtes.
Vous, comme avec rien que des trous de crible,
intervalles comblés de temps.

Prodigues même encore de la salle vide,
vous, quand descend le soir, profonds comme les bois.
Et le lustre traverse, tel un cerf de seize cors,
votre inaccessibilité

Ce sont parfois des peintures qui vous remplissent.
D'aucunes sont en vous, à ce qu'il semble, allées ;
mais les autres, craintives, n'ont fait que passer.

La plus belle pourtant va demeurer là-bas
de l'autre bord, jusqu'à ce que, dans ses joues lisses,
pénètre, délié, le clair Narcisse.

(Rainer Maria Rilke, Les Sonnets à Orphée)

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