16 août 2006

Un peu plus loin

HODIE

La nuit, tous les chats sont gris !


Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir.

Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,

Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Et des griffes, en l'air, vers les étoiles.

Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Avec des bruits de vis et de coupoir,
Et leurs griffes, en l'air, vers les étoiles.

Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Les chats peignés d'un vent de flamme
Ont traversé, de part en part mon âme.

Les chats d'ébène en flamme
Ont traversé, de part en part, mon âme,
Comme des rages de vent noir
Et des tempêtes dans le soir
Et des chocs de marées,
Immensément, déseespérées.

Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Ils ont griffé mon coeur et le miroir
De mes yeux clairs vers les étoiles ;
Ils ont mordu, jusques au sang,
Mon rêve atrocement agonisant,
Ils ont mordu mon coeur et mon rêve et mes moëlles :
Les chats d'ébène et d'or
ont déchiré mon coeur à mort.

(Émile Verhaeren, Extrait de Les Flambeaux noirs)

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