05 mai 2006

Éventuellement

HODIE

Je pencherai mon oeil de mouche.


Écrire, c'est ça !
C'est d'abord découvrir qu'on a, en nous, ce trou d'mort à langues trouées où s'entassent, pêle-mêle, ces langues de tiraillous du Tchad ou de cajuns des bahous, cousins des ex-bat. d'Af., eux-mêmes matassins négropolitains des rastas de squatts, matachés de oualongadoudoux, comme chez nous, à Gembloux !
C'est comprendre et aimer ça quitte à avoir l'air d'avoir trop soufflé dans l'encrier du nec sous-ultra ! — et, dans le même temps, c'est accomplir, ce geste insensé, de noria dans le nada ! C'est accomplir l'inlassable monotonie résistante de cet acte fou !
C'est faire et aligner des bâtons !
C'est en baver des chuintés et en chier des mous ! C'est chier dans ce trou ! C'est devenir, soi-même, un bâton ! Être le bâton cochon de ce corps — mal fait, mal conçu, mal planté et mal baisé! — qu'on nous a cochonné ! C'est tenter, jour après jour, d'en esquisser le contour et d'en déboucher le brouillon ! Tenter d'actionner — avec une folle envie concomitante de tout bousiller ! — cette saloperie de colonne à pression qui nous sert de prothèse à langues ! C'est tenter de l'amocher ! De l'écrabousiller ou d'en boucher le daleau ! De la bourrer ou mâchurer de mots ! De la barbouiller de bamboula ! De la peinturlurer, aux couleurs, très peu françaises, de ce qui en sourd ou s'y tait, dans l'hystérie crispée d'une motilité sans nom !
C'est tâcher de mettre des noms là-dessus !
Tâcher de dénouer ce rébus et de désigner cet os,
par où
et par quoi,
on l'a dans l'os !

(Jean-Pierre Verheggen, Artaud Rimbur)

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