14 mai 2006

Mine

HODIE

Et tourne la belle-fleur.


Je suis surtout poète, maintenant. Chaque jour je reste dans ma chambre à écrire un nouveau poème. J'invente tous les mots moi-même, comme lorsque je vivais dans le noir. C'est comme ça que je commence à me souvenir, en faisant semblant d'être revenu dans le noir. Je suis le seul à savoir ce que ces mots signifient. Ils ne peuvent pas être traduits. Ces poèmes me rendront célèbre. J'ai tapé dans le mille. Ya, ya, ya. De beaux poèmes. Si beaux que le monde entier pleurera.
Plus tard, peut-être, je ferai autre chose. Lorsque j'aurai fini d'être poète. Un jour ou l'autre je serai à court de mots, voyez-vous. Chacun n'a qu'un certain nombre de mots en lui.

(Paul Auster, Cité de verre)

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