27 janvier 2006

Avant la suite

HODIE

Ivresse et sable du Rhin


la
légère
candide
capricieuse
tourbillonnante
ouatée
poudreuse
neige dont j'aime
la
lente lente
chute

par un jour de grisaille aux vapeurs violâtres
ou quelquefois même (je l'ai vu)
par un ciel terre de Sienne
ellepapillonne blanc,
plus blanc que les piérides blanches
qui volettent en avril
comme fiévreusement,
à moins que ce ne soit frileusement
autour
de roses
couleur d'âtre

météore
qui touche ma manche
de ratine, y déposant des cristaux à six branches
sous mes yeux d'étincelles

pluie
de
plumes
de
mouettes
muettes

recouvrant la plaine déshéritée
emmantelant la forêt squelettique

épaisse, assoupissante et ensevelissante

blanche telle
une belle absence de parole

blanche autant qu'absolue
dans un silence d'oeil
qui rêve l'éternité blanche

neige neigée
tellement soleillée
que d'un blanc aveuglant
et brûlante !

moelle de diamant

neiges du Harfang aux iris jaune d'or
et ventre blanc pur de la Panthère des neiges

de quel oiseau fléché fuyant à travers ciel
ce pointillé de sang sur la neige vierge ?

regardez, par-delà
cette grille givrée
d'innocentes hermines
dorment tout de leur long
sur les bras des croix

alors qu'à l'intérieur l'enfant
le front appuyé à la vitre
pour jouer
fait de la buée
dehors chaque flocon
éclate une petite larme
qui roule
en bas
du carreau
où le mastic est vieux comme la maison

Et
tout là-bas
(à l'heure de mon coeur qui bat tout bas)
quelqu'un
contemple
la rencontre de la neige
floconneuse, innombrable
avec la mer
formidable, comme
de plomb,
glauque

(Henri Pichette)

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