16 juillet 2005

Chant de guindaille

OLIM

Éthanol et jus d'orange


PHÈDRE
Ariane, ma soeur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !

OENONE
Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ?

PHÈDRE
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.

OENONE
Aimez-vous ?

PHÈDRE
De l'amour j'ai toutes les fureurs.

OENONE
Pour qui ?

PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J'aime... A ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J'aime...

OENONE
Qui ?

PHÈDRE
Tu connais ce fils de l'Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ?

OENONE
Hippolyte ? Grands dieux !

PHÈDRE
C'est toi qui l'as nommé !

OENONE
Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! ô crime! ô deplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux !

(Jean Racine, Phèdre)

Aucun commentaire: