Chant de guindaille
OLIM
Éthanol et jus d'orange
PHÈDRE
Ariane, ma soeur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !
OENONE
Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ?
PHÈDRE
Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
OENONE
Aimez-vous ?
PHÈDRE
De l'amour j'ai toutes les fureurs.
OENONE
Pour qui ?
PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J'aime... A ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J'aime...
OENONE
Qui ?
PHÈDRE
Tu connais ce fils de l'Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ?
OENONE
Hippolyte ? Grands dieux !
PHÈDRE
C'est toi qui l'as nommé !
OENONE
Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! ô crime! ô deplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux !
(Jean Racine, Phèdre)
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