11 janvier 2008
10 janvier 2008
Cartes et plans
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Ce tableau reproduit quatre figures qui nous donnent la sensation de géants vêtus d'étoffes très lourdes. La table à laquelle sont assis trois de ces géants ne représente qu'une toute petite chose dont le dessus aurait pu tenir trois fois plus de place, si l'homme en manteau ou en blouse se levait... Ainsi les éléments spatiaux font défaut dans cette oeuvre à cause du tressage des différences spatiales colorées de la perspective aérienne. Il résulte de là que cette oeuvre possède une sensation plane sur la surface plane de laquelle tous les objets possèdent une réalisation picturale identique, laquelle, à cause de sa propre force, n'est pas recouverte spatialement avec des gradations de lumière comme nous le voyons chez les impressionnistes.
(Casimir Malévitch)
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09 janvier 2008
Et pourtant si
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Pas question d'oublier l'absence !
Placé en tête-à-tête avec un texte, le même déclic intérieur qui joue en nous, sans règle et sans raisons, à la rencontre d’un être va se produire en lui : il «aime» ou il «n’aime pas», il est, ou il n’est pas, à son affaire, il éprouve, ou n’éprouve pas, au fil des pages ce sentiment de légèreté, de liberté délestée et pourtant happée à mesure, qu’on pourrait comparer à la sensation du stayer aspiré dans le remous de son entraîneur ; et en effet, dans le cas d’une conjonction heureuse, on peut dire que le lecteur colle à l’œuvre, vient combler de seconde en seconde la capacité exacte du moule d’air creusé par sa rapidité vorace, forme avec elle au vent égal des pages tournées ce bloc de vitesse huilée et sans défaillance dont le souvenir, lorsque la dernière page est venue brutalement «couper les gaz», nous laisse étourdis, un peu vacillants sur notre lancée, comme en proie à un début de nausée et à cette sensation si particulière des «jambes de coton». Quiconque a lu un livre de cette manière y tient par un lien fort, une sorte d’adhérence, et quelque chose comme le vague sentiment d’avoir été miraculé : au cours d’une conversation chacun saura reconnaître chez l’autre, ne fût-ce qu’à une inflexion de voix particulière, ce sentiment lorsqu’il s’exprime, avec parfois les mêmes détours et la même pudeur que l’amour : si une certaine résonance se rencontre, on dirait que se touchent deux fils électrisés.
(Julien Gracq, La Littérature à l'estomac)
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08 janvier 2008
Pas de miracle
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Gennaio
Janvier
Januari
Januar
Januar
Januar
Január
Ianouarios
January
Janeiro
Tammikuu
Sijecanj
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07 janvier 2008
Pas de double
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Vérification nocturne et sanitaire
(... cette palpitation qui, à grands coups de coude, m'écartèle ; ce ventre qui bouillonne, mon coeur qui s'arrête, en haut, me transperçant d'une aiguille froide ; des coups sourds qui montent du milieu et se déchargent sur mes tempes, mes bras, mes cuisses ; j'aspire l'air, haletant ; le bouche ne suffit pas, le nez ne suffit pas ; l'air m'arrive par petites gorgées, m'emplit, s'arrête, m'étouffe, pour repartir ensuite en bouffée sèches, me laissant oppressé, brisé, vide ; puis c'est l'effort suprême pour gonfler le thorax, douloureusement, rester au-dessus de moi-même, comme suspendu à moi-même, jusqu'à ce que le coeur, d'un tour glacé, lâche mes côtes pour me frapper de face, sous la poitrine ; maîtriser ce sanglot qui n'éclate pas ; respirer ensuite, en y pensant ; appuyer sur l'air accumulé ; ouvrir vers le haut ; appuyer maintenant ; plus lentement : un, deux, un, deux...
(Alejo Carpentier, Chasse à l'homme)
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Publié par Zolurne à 23:02 dans hodie 0 commentaires
06 janvier 2008
Lumière !
Publié par Zolurne à 16:01 dans hodie 0 commentaires
05 janvier 2008
La vie est amère
Publié par Zolurne à 17:48 dans hodie 0 commentaires
04 janvier 2008
Hop !
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C'était donc ça.
— « Il me semble, Monsieur, que ce que vous appelez acte libre, ce serait, d'après vous, un acte ne dépendant de rien ; suivez-moi : détachable — remarquez ma progression : supprimable, — et ma conclusion : sans valeur. Rattachez-vous à tout, Monsieur, et ne demandez pas la contingence ; d'abord vous ne l'obtiendriez pas — et puis : à quoi cela vous servirait-il ? »
Je ne dis rien, par habitude ; quand un philosophe vous répond, on ne comprend plus du tout ce qu'on lui avait demandé.
(André Gide, Paludes)
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Publié par Zolurne à 10:47 dans hodie 0 commentaires
03 janvier 2008
Dandinement
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Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?
(Paul Verlaine, Art poétique - extrait)
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Publié par Zolurne à 15:39 dans olim 0 commentaires
02 janvier 2008
Fruitiers
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Juste en face
Il y a des jardins qui n'ont plus de pays
Et qui sont seuls avec l'eau
Des colombes les traversent bleues et sans nids
Mais la lune est un cristal de bonheur
Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair.
(Georges Schéhadé, Les Poésies)
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01 janvier 2008
Décalage
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Du saut d'une puce
L'horizon s'incline
....................Les jours sont plus longs
....................Voyage
..........Un coeur saute dans une cage
....................Un oiseau chante
....................Il va mourir
Une autre porte va s'ouvrir
..........Au fond du couloir
....................Où s'allume
....................Une étoile
Une femme brune
..........La lanterne du train qui part
(Pierre Reverdy, Plupart du temps)
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Publié par Zolurne à 15:22 dans hodie 0 commentaires